Le problème de la différence génétique est que la compétition ne peut jamais se jouer à armes physiques ou physiologiques égales. Cela pose inexorablement la question épineuse de savoir quelles aides pour améliorer les performances peuvent être considérées à la fois comme légales et sportives. Ce livre ne traite que des méthodes d'entraînement. Un moyen d'améliorer ses performances de course qui est incontestablement légal est le simple entraînement de loisir. Jusque dans les trente dernières années du xx' siècle, presque tous les livres écrits sur la course à pied étaient des biographies ou des autobiographies, rédigées par des nègres, de grands coureurs à la retraite qui espéraient se faire quelques sous en transmettant les secrets de leurs succès. La plupart de ces livres parlaient des courses, même si certains contenaient de passionnants récits de leurs préparations, et le plus souvent leur manque de préparation ! Si la majorité de ces concurrents étaient des amateurs, tout du moins de nom, l'élite est de nos jours autant professionnelle que le sont les médecins ou les avocats. Courir est pour eux une occupation à plein temps, pour laquelle ils consacrent des heures de préparation, voyagent à travers le monde pour concourir et sont rétribués par les sponsors et les publicitaires pour leurs efforts. Cependant, le concurrent moyen des marathons qui explosèrent dans les années 1980 ressentait peu le désir de courir comme Kut, Shorter, Zatopek et Coe, les grands noms des générations précédentes. La course à pied était une activité de loisir devenue socialement reconnue, qui aidait à contrebalancer la nouvelle tendance à prendre ses repas à l'extérieur. Courir sur quelques kilomètres en toute convivialité avec quelques amis, puis reprendre des calories de manière tout aussi agréable était le nouveau modus vivendi.
La compétition avait cessé d'être l'unique but du coureur, et la course à pied était appréciée pour elle-même et le sentiment de bien-être qu'elle procure. Néanmoins, même si le coureur amateur trouvait le bonheur à entrer en communion avec la nature à sa manière, cela ne lui enlevait pas pour autant le désir d'améliorer ses performances, que ce soit en vitesse ou en distance parcourue. Les magazines sur le sujet se mirent à fleurir sur les rayons. ils s'intéressaient non seulement aux courses et à leurs résultats, mais discutaient également de la nutrition, de l'entraînement, de la prise et l'évacuation de liquides ainsi que de toutes les petites choses qui commençaient à faire partie du monde du coureur. Ueffet de la course à pied sur la santé, la médecine et même la psychologie du sport devinrent les sujets de conversation des dîners.
L'envie de tirer pleinement parti du bien-être de la course à pied ne peut être cependant satisfaite que s'il existe une bonne compréhension du mécanisme de la course.
Quels sont les muscles nécessaires pour la course et comment fonctionnent-ils ?
Quel rôle jouent le coeur, les poumons et la circulation dans le processus ?
Que sont les tendons, les ligaments et les bourses,
et pourquoi la course peut-elle parfois être si douloureuse…