elhaouat hassan entrainement sportif....L’ATP est assimilable à une batterie portative qui se décharge lors de son utilisation et qui se recharge pendant l’exercice lui- même et/ou pendant les phases de récupération grâce à la présence d’autres substrats (glucose, glycogène, lactate, triglycérides, acides aminés). L’utilisation de l’ATP a pour effet de diminuer la concentration d’ATP d’augmenter celle d’ADP et d’AMP dans le muscle. Le rapport [ATP]/[ADP-AMP] (que nous noterons ∆ ~P) sert donc de régulateur au métabolisme énergétique , notamment en agissant directement sur l’activation de certaines enzymes spécifiques à chacune des filières.

Évaluation et optimisation de la charge de travail

L’exercice physique est l’un des facteurs responsables de la variation ∆ ~P. En entraînant une utilisation massive d’ATP pour le fonctionnement des muscles actifs, il oblige à resynthétiser rapidement cette molécule à l’aide des différentes filières énergéti ques. Par conséquent, l’optimisation du fonctionnement des filières passe par une connaissance de l’effet que les exercices, proposés lors de la séance, ont sur l’organisme. Ces exercices constituent ce que l’on appelle la charge de travail . Cette dernière se caractérise par son intensité et sa durée et par le fait qu’elle vise à stimuler l’organisme pour provoquer une adaptation de celui-ci aux contraintes de la prati que sportive. Pour optimiser de façon plus rationnelle les charges de travail, il convient d’ évaluer avec une précision acceptable le potentiel de l’individu . Pour cela, on utilise des tests spécifiques à chaque filière. Le résultat est l’obtention d’une valeur maximale, correspondant à une photographie instantanée de l’état initial dans lequel se trouve l’individu au moment du test . Cette valeur étant amenée à changer sous l’effet de l’entraînement, il est conseillé de réévaluer la personne régulièrement afin d’ajuster la charge de travail au potentiel actuellement atteint par le sportif. Par exemple, on utilisera le résultat obtenu avec un test de vitesse maximale aérobie (VMA) pour optimiser l’entraînement d’endurance, cette vitesse servant alors de référant (100%) pour initier le programme des séances et donner à l’athlète des intensités d’effort (temps de passage au 400 m par exemple ou distance à réaliser en 30 secondes ).

Quelle charge ?

On utilise généralement trois formes d’entraînement : continu, fractionné et intermittent. Des formes combinées existent comme le Fartlek par exemple. L’in térêt de l’entraînement fractionné réside dans le découpage d’une séance d’entraînement (30 min) en 2x15 min ou 3x10 min avec pour principal effet l’augmentation de la quantité d’oxygène consommée et qui doit être remboursé après chaque unité d’entraînement, en comparaison à la réalisation de la même distance, à la même intensité et de façon continue. Les séances d’entraînement intermittent im posent une charge plus élevée sur le système de transport d’oxygène que ne font les séances continues, et, par voie de conséquence, une amélioration plus rapide. L’entraînement intermittent quant à lui permet de maintenir des intensités maximales ou supra- maximales sans pour autant que cela affecte les capacités de récupération de l’organisme.

Les recherches actuelles montrent que les meilleurs en traînements sont ceux où la période de récupération est gérée de façon optimale par rapport à la charge à laquelle a été soumis l’athlète. Le problème majeur réside donc dans la quantification exacte de cette charge pour savoir quelle durée et quel type de récupération utilisés.

Quelle récupération ?

Il existe deux types de récupération : passive ou active.

Généralement la récupération passive est utilisée lors d’exercices de type anaérobie alactique et aérobie . Pour les premiers, on la justifie par le fait que les substrats de type phosphocréatine (PC) sont régénérés plus rapidement si l’on ne sollicite pas le muscle. Or, il s’avère que la PC est re-synthétisée plus vite lorsqu’il y a conjointement présence d’oxygène et acidité musculaire élevée. Il est en effet illusoire de penser que l’entraînement anaérobie alactique ne produ it jamais d’acide lactique. Ceci est vrai pour une répétition mais ne l’est plus pour une séance entière. Il s’avère que la récupération active peut être aussi bénéfique pour les entraînements de ce type.

La récupération active quant à elle est principalement utilisée durant les exercices anaérobie lactique . Il a été démontré que la modalité de récupération active la plus efficace était de courir ou nager 10 min à 60% de VMA (ou 55-65% de VO 2 max). Elle permet d’avoir une diminution plus rapide de l’acide lactique produit en lui permettant :

1°) de réintégrer le cycle de la glycolyse grâce à la réaction réversible de transformation du lactate en pyruvate qui se déroule dans le cœur, le rein

2°) ou d’entrer dans la néoglucogenèse qui permet de créer de nouvelles mo lécules de glucose à partir de lactates, et qui se déroule dans le foie.

Couplage charge-récupération

Partant de ces considérations, il est possible de donner quelques conseils quant à l’optimisation des filières énergétiques.

    • On utilisera généralement des exercices maxima ux (par rapport à la vitesse de course sur 60- 100 m) pour la filière anaérobie alactique , de courtes durée (4 à 10 s), avec des récupérations actives si l’on veut améliorer les capacités de ré génération de la PC. Elle sera d’environ 3-4 minutes environ si l’on veut que l’intégralité de la PC soit reconstituée (cette durée est identique pour l’ATP). Il faut savoir que l’on peut recommencer plus tôt, puisque 80% de la réserve de PC est re-synthétisée après les 20-30 premières secondes de récupération, quelle que soit l’intensité de l’exercice.
    • Concernant l’entraînement de type anaérobie lactique , on utilise des exercices dont l’intensité est proche du maximum sur des durées supérieures à 15 secondes, la récupération active s’impose d’elle-même compte tenu qu’il y a fabrication d’acide lactique, et que ce dernier est alors éliminé (réutilisé plus exactement) en 15-20 min contre 60 min en récupération passive, sachant que les ¾ de l’acide produit sont éliminés entre la 10 ème et la 12 ème minute au cours de la récupération active. Entre les exercices, la récupération peut être complète (15-20 minutes) ou incomplète (pour les durées inférieures).
    • Pour la filière aérobie, un entraînement à des vitesses égales ou supérieures à la VMA se fera avec des répétitions courtes (15-30 secondes) avec un durée de récupération passive d’égale durée (intermittent), alors qu’avec un entraînement sous-maximal, on mettra l’accent sur un découpage de la distance (fractionnement) entrecoupé de réc upération active si l’intensité est supérieure à 70% de VMA environ puisque c’est à partir de cette intensité que l’acide lactique commence à augmenter en concentration dans le sang.

Ainsi, la bonne gestion de la récupération par rapport à la nature de la charge à laquelle le sujet a été soumis, permet de maintenir une intensité de travail plus élevée au cours de la séance que si l’on ne faisait rien pour l’optimiser. Ceci entraîne une amé lioration des capacités d’adaptation de notre organisme à la spécificité de la charge.

Estimation du pourcentage des substrats energetiques

OPTIMISATION DU FONCTIONNEMENT DES FILIÈRES ÉNERGÉTIQUES ET CHARGES DE TRAVAIL

Pascal PREVOST Université Paris XII